Cela pourra vous surprendre que j'aie pu assister à une soirée électro, sachant que je suis assez hermétique à ce type de musique (mais... ça dépend quelle électro...) L'explication est pourtant
simple : la présence de Elektronishe Staubband, la formation électro de Yann Tiersen. Ce même Yann Tiersen dont j'ai tellement apprécié les premiers albums, et que je n'ai vu qu'une seule fois
sur scène, il y a douze ans. Alors, quand j'ai appris qu'il passait à La Grange à Musique de Creil, à 10 mn de chez moi, et pour moins de 10€ la place, il n'y avait pas à hésiter. Tant pis si
c'est de l'électro et que ce n'est pas là le Yann Tiersen que j'aime le plus.
Me voilà donc, dès 22h ce samedi 16 novembre, à La Grange à Musique, petite salle creilloise fort sympathique.
A peine entrée dans la salle, c'est de l'électro dans tout ce que je n'aime pas qui vient écorcher mes oreilles : des "boum boum" et des basses fortes, rythmique mais pas mélodique, le mec qui ne
bouge pas de derrière sa console... letruc que je ne comprends pas en concert. En boîte, quand le public danse, OK. Mais là... y a rien à voir et la musique me dépaît fortement. Attention, je ne
dis pas que le gars (en l'occurence, Wearing Glasses) est mauvais, n'y connaissant rien je me garderais bien de tout jugement de valeur (paraît même que la gars est pas mal doué), juste j'arrive
pas à comprendre le truc et ça me fait mal aux oreilles. Ce premier set dure un long moment, je découvre que ESB/Yann Tiersen ne passeront qu'à 1h30 du mat', je me dis que je vais devoir subir
une grosse partie de la soirée...
Vient enfin la formation suivante, Triangles Irascibles. Musicalement, c'est
beaucoup plus mélodique et sans "boum boum" derrière. Et, visuellement, c'est beaucoup plus intéressant puisque, certes, le mec est derrière sa console et ne bouge pas, mais il nous propose une
projection vidéo pour accompagner son set, "bricolée" en direct puisqu'on le voit passer une à une des photos sous un projecteur et les faire bouger, vibrer pour créer des effets à l'écran.
Autrement dit, d'une part sa musique n'est pas désagréable, d'autre part il nous propose quelque chose en plus, un show complet alliant image et son. Pour le coup, sa prestation me semblera trop
courte.
Viennent ensuite les Downliners Sket. Ils sont deux, eux aussi immobile derrière leur console, et je retrouve comme lors
du premier set l'électro que je n'aime pas, uniquement rythmique. Je subis donc et m'ennuie royalement, ça me paraît terriblement long. Cela dit, ça commence à danser dans le public, et je
parviens même un tout petit moment à triper en fermant les yeux et en pensant à des trucs agréables (ce qui permet de s'évader loin de cette musique, tout en laissant sa tête et son corps bouger
sur les rythmes hypnotiques). J'aurais au moins découvert ça ce soir.
Le temps de retirer les consoles et c'est la Compagnie L-E-V, venue d'Israël,
qui prend place sur scène. Sur des sons électro, ils nous proposent une chorégaphie visant à reproduire (je cite le programme) "les mouvements de corps liés aux pulsations robotiques ncarnées au
sein même de la culture du club." C'est assez surprenant dans une soirée comme celle-ci, plutôt plaisant, la musique derrière n'est pas désagréable et je passe donc un bon moment.
Vient ensuite un intermède musical (par, si je comprends, l'équipe en charge du son dans la salle, personne sur scène), mix électro qui là non plus ne me plaît pas mais transforme (enfin) la
salle en dancefloor, le temps de préparer la scène pour Yann Tiersen et ses comparses.
Sur scène, 5 ou 6 synthétiseurs analogiques et, donc Yann Tiersen accompagné de Thomas Poli et Lionel
Laquerrière. Pas évident d'être objective, tant je suis heureuse de revoir M. Tiersen sur scène. Certes, ça reste de l'électro (ça l'est plus que sur ses deux derniers albums, même si il en
reprend semble-t-il certains morceaux, avec d'autres arrangements), mais il y a une partie mélodique, une richesse de sonorités, on sent un vrai travail (qui existe peut-être aussi chez les
autres mais se voit plus ici). Face à moi, Thomas Poli accompagne ses gestes (pour jouer sur le clavier du synthé, tourner les boutons...) d'un mouvement de tout son corps, en une sorte de
chorégraphie. On le sent habité par ce qu'il est en train de faire. Il en est de même pour Yann Tiersen. Musicalement, donc, c'est carrément moins désagréable que le premier et le troisième set
de la soirée (un bémol sur le dernier titre, qu'ils nous ont joué en rappel et que j'ai moins aimé). Ok, il y a l'effet live, le bonheur d'avoir Yann Tiersen devant moi, OK, si on me faisait
écouter la même chose sur CD et sans me dire que c'est Tiersen, je ne serais pas forcément très enthousiaste. N'empêche, je passe un bon moment et ne m'ennuie pas une seconde.
Lorsque le set se termine, je quitte assez vite la salle sans attendre l'arrivée du dernier groupe de la soirée, il est presque 3h du mat' et j'ai eu ma dose d'électro pour la soirée.
Pour conclure : ce concert m'aura permis de découvrir différentes facettes de l'électro (celle que je déteste... et d'autres plus plaisantes) et m'aura offert de revoir enfin Yann Tiersen. Alors
certes, je le préfère avec son piano et son violon (et tout un tas d'autres instruments), je suis moins fan de ses derniers albums et rêverais de le revoir sur scène tel qu'à ses débuts, il
n'empêche que je ne regrette absolument pas d'être venue ce soir.