6 juillet 2019. J'apprends le matin même, en lisant le supplément Sortir de Télérama, que Rickie Lee Jones joue ce soir-là à moins d'une heure de chez moi, pour un concert gratuit. Cerise sur le gâteau, Charlie Winston sera sur scène après elle. Pas d'hésitation à avoir, j'y vais.
La scène est posée sur le lac, une passerelle la reliant à la rive. Et c'est en barque que les artistes arrivent.
Rickie Lee Jones nous offre un bon moment, en grande dame, s'accompagnant à la guitare et, sur quelques chansons, au piano. J'ai particulièrement plaisir à retrouver We belong together, chanson que j'aime beaucoup. Cependant, son répertoire folk intimiste se prête mieux à l'ambiance feutrée d'une petite salle, comme la Maladrerie Saint-Lazare à Beauvais où je l'avais vue en 2010, qu'à cette scène en extérieur.
Vient ensuite Charlie Winston. Si j'apprécie ses chansons (et particulièrement Dusty men, son duo avec Saule), je ne serais pas forcément allée le voir en concert dans d'autres circonstances. Et pourtant, ce sera une vraie révélation. Beaucoup d'énergie, il a mis le feu ! Il a traversé la passerelle pour venir chanter un titre au plus près du public. Et, clou du concert, son chapeau étant tombé à l'eau, il n'a pas hésité à plonger pour aller le récupérer, et a donc terminé le concert trempé de la tête aux pieds ! Vraiment, un artiste à voir, c'était énorme ! Pour le coup, je retournerais volontiers le voir !
Les Négresses Vertes à Nogent-sur-Oise le 25 mai 2019.
Du groupe, je connaissais peu le répertoire, mises à part les célèbres Sous le soleil de Bodega et Voilà l'été. Appréciant ces deux titres, je n'ai pas hésité à prendre ma place pour leur concert dans une petite salle pas loin de chez moi.
Et ce fut une bonne soirée. Une musique festive et entraînante, qui donne envie de danser, un groupe qui déploie une belle énergie, un accordéon et des cuivres qui sont des instruments que j'apprécie particulièrement, le groupe nous fiat passer un très bon moment.
Parmi les titres interprétés, outre leurs deux plus gros tubes précédemment cités, on a pu entendre entre autres Famille heureuse, Zobi la mouche ou encore L'homme des marais.
Radio Elvis à La Grange à Musique (Creil) le 13 avril 2019.
En première partie, USS. Le groupe est composé d'un chanteur-guitariste et d'un batteur, et chante en français. Le chanteur a plutôt une belle voix, mais le chant est un peu noyé par la musique. Celle-ci nous offre de belles nappes de guitare sur quelques chansons. Lorsque cela se veut plus rock, cela ressemble davantage à d'autres groupes de rock français, mais plutôt dans la catégorie "rock radio" ou "rock variété", assez basique (peut-être Kyo…) Bref, pas désagréable mais rien de mémorable (surtout que le show qui a suivi me les a faits presque totalement oublier…)
Vient ensuite le tour de Radio Elvis, et ce sera pour moi une vraie révélation scénique. Je les connaissais surtout de nom, bien qu'ayant entendu une ou deux chansons, mais je me doutais que j'allais aimer. J'ai cependant attendu l'après-midi même pour prendre mon billet. Il aurait été dommage que je ne le fasse pas…
D'entrée de jeu, j'apprécie leur musique, la voix de Pierre Guénard et ses textes, son look de "gendre idéal" avec son pantalon et sa veste assorties, ses guitares joliment décorées… Et ce pantalon parfaitement ajusté qui lui colle à la peau lorsqu'il se déhanche le rend diablement sexy… Mais c'est sur Prières perdues qu'a lieu la révélation. Cette chanson est une totale démonstration scénique dans sa version live (je n'ai pas encore écouté la version studio). Ca démarre en douceur, en piano-voix, et je laisse monter l'émotion, m'attendant à un titre qui va ma coller les larmes aux yeux. Et puis ça monte en puissance, la batterie puis la basse viennent s'ajouter, le refrain répété encore et encore prend de plus en plus d'ampleur et monte en apothéose, Pierre Guénard se lâche alors complètement, c'est fort, puissant, grandiose… avant de se conclure à nouveau dans la douceur et l'émotion sur la toute fin. Superbe performance, je suis totalement conquise. Sans compter que le chanteur est descendu dans le public sur la partie la plus intense, et m'a frôlée au passage (j'assiste au concert au premier rang, sans crash barrière…)
Parmi les influences du groupe, le programme cite Noir Désir, Dominique A, Talking Heads ou Arcade Fire. C'est Dominique A qui est le plus évident à mes yeux (et mes oreilles), c'est flagrant sur certaines chansons. Le concert se poursuit, je suis totalement conquise. En fin de concert arrive Solarium, que Pierre Guénard interprète en bord de scène, au plus près du public. Lorsqu'il plonge ses yeux dans les miens, je sens la chaleur du solarium inonder mes joues, j'ai soudain 15 ans, je suis totalement sous le charme… Le concert s'achève sur 23 minutes, j'ai passé un excellent moment, je crois que je ne m'étais pas pris une telle claque scénique depuis mon tout premier concert de Cali en 2006. Assurément, je les reverrai, l'histoire entre eux et moi ne fait que commencer !
La setlist au complet (j'ai pu la photographier donc… liste exhaustive, et dans l'ordre) : New York, Selon l'inclinaison, Bleu nuit/Synesthésie, L'éclaireur, Ces garçons-là, La route, La sueur et le sang, Prières perdues, Bouquet d'immortelles, Ce qui nous fume (chanson sur laquelle, c'est le cas de le dire, ils mettent le feu), La traversée, Au loin les pyramides, Les moissons, Lonely boy (reprise de The Black Keys), Fini fini fini et, en rappel, Nocturama, Solarium et 23 minutes.
Si le groupe est pour le moment peu prisé par les médias, quelque chose me dit que l'on n'a pas fini d'entendre parler de ces garçons-là !
Et pour illustrer mon propos, voici une vidéo de Prières perdues en live (vidéo officielle)
Birds on a wire, par Rosemary Standley et Dom La Nena, au Palace de Montataire le 29 mars 2019. Un spectacle pour deux voix, un violoncelle et quelques percussions, qui nous emmène de Brel à Pink Floyd en passant par Léonard Cohen, du séga réunionnais ou des chants traditionnels espagnols ou bretons, avec même une chanson pour aspirateur ! Les artistes chantent en français, anglais, mais aussi en espagnol, italien ou créole, et la superbe voix de Rosemary Standley, mariée au violoncelle de Dom La Nena, nous offre quelques moments de grâce, tant c'est beau à écouter.
Parmi les chansons interpréter, on peut notamment citer Sur la place de Jacques Brel, Who by fire de Leonard Cohen ou encore Wish you were here des Pink Floyd.
Deux grandes dames en toute simplicité qui nous on offert une magnifique soirée.
Feu ! Chatterton à la Faïencerie de Creil le 23 mars 2019.
En première partie, Weekend Affair. Ce duo est formé de Louis Aguilar et Cyril Debarge a sorti en 2018 l'album Du rivage, produit par Yuksek et arrangé par Albin de La Simone (rien que ça !) Ils nous proposent des chansons en français, sur fond de musique électro qui pulse fort (et me fera mettre les bouchons d'oreille), mais agréable à écouter bien que cela ne soit a priori pas mon univers, probablement en raison justement du chant en français et de la très jolie voix, puissante et bien timbrée, de Louis Aguilar. Il faudra que je me penche sur leurs chansons en version studio pour les découvrir autrement, mais j'ai plutôt bien aimé. Et, je trouve qu'ils convenaient à merveille en première partie de Feu ! Chatterton avec notamment un timbre de voix assez proche et un univers s'harmonisant très bien avec celui de L'oiseleur.
Arrive ensuite Feu ! Chatterton. Bien qu'ayant écouté au moins une fois leur dernier album, je connais peu leur répertoire en dehors de La Malinche et Ginger. Mais j'aime le timbre chaud puissant d'Arthur Teboul et la puissance de son chant. Entre deux titres, il part dans des élucubrations philosophiques que j'ai parfois du mal à suivre, je pense qu'elles sont plus accessibles à ceux qui connaissent davantage son répertoire, puisqu'elles présentent les chansons. Le concert est un bon moment, exit cette fois les bouchons d'oreille malgré un son qui reste teinté d'électro mais y mêle aussi toute une orchestration riche. Les jeux de lumière sont beaux et travaillés, et le concert s'achève dans une ambiance de feu (c'est le cas de le dire) avec le public debout et qui danse.
J'ai donc passé une très bonne soirée, tout en ayant osé me frotter à un répertoire et un style musical qui ne me sont pas forcément familiers, et je suis sortie du concert convaincue et enthousiaste.
Double plateau le 1er mars au Palace de Montataire avec La visite, par Michel Avalon sur le répertoire de Georges Brassens, et Dames Brunes, par Natasha Bezriche reprenant les chansons de Barbara.
C'est Michel Avalon qui ouvre la soirée. Il débute par Le modeste, titre peu connu de Georges Brassens, qu'il déclame à la façon d'un poème, accompagné à l'accordéon par Dorine Duchez, nous permettant ainsi de découvrir toute l'étendue de ce texte.
Il revisite le répertoire de Brassens à sa façon, et mêle grands classiques et titres moins connus qu'il nous permet ainsi de découvrir. Il y a quelqu'un chose d'un peu "étrange" d'entendre Brassens chanté par quelqu'un qui a une voix totalement différente et avec bien plus de nuances (avec parfois, à mon goût, un peu trop d'emphase pour ce répertoire).
Parmi les titres interprétés, j'ai bien aimé La légende de la nonne, Saturne, très belle, La complainte des filles de joie en duo avec Dorine Duchez qui a une très jolie voix. Pour la Chanson pour l'Auvergnat, il interprète le premier couplet en wallon, à la manière de Julos Beaucarne. Il interprète également Le gorille, Le nombril des femmes d'agent, La marine, La cane de Jeanne, un texte de Paul Fort, Lèche-cocu, La messe au pendu… Le vieux Léon est joué à l'accordéon par Dorine Duchez.
Le spectacle se termine par une vraie conclusion, qui clôt le spectacle, si je me souviens bien, en résonnance avec son ouverture, mais je ne me souviens plus de quelle façon.
Vient ensuite le tour de Natasha Bezriche, qui ouvre son set par A mourir pour mourir. Dans les passages en douceur, on remarque une certaine similitude entre sa voix et celle de Barbara. Parfois elle envoie davantage, vit les chansons à sa manière, qui n'est pas toujours en accord avec ma sensibilité, mais c'est globalement beau. Elle nous interprète de nombreux titres parmi lesquels L'amoureuse, chanson que j'adore et qu'elle fait joliment, Drouot (que j'aime beaucoup aussi), Joyeux Noël, Cet enfant-là (chanson que je ne connaissais pas mais que j'ai beaucoup aimée), Mes hommes, Nantes (très belle), La solitude, Perlimpinpin, Dis, quand reviendras-tu ? ou encore Quand ceux qui vont.
Les arrangements au piano, signés Stéphane Jaudon, sont très beaux.
Nous avons donc eu droit à une belle soirée en hommage à deux grands artistes.
Amélie-les-crayons au Palace de Montataire le 1er février 2019.
Quand vous avez une salle à proximité de chez vous qui propose des concerts pour un tarif défiant toute concurrence, il arrive que vous alliez voir des artistes que vous ne connaissez que de réputation, mais dont vous supposez que vous aimerez le répertoire. Et puis parfois, il arrive que vous vous preniez une chanson en plein cœur. Ce fut le cas le 1er février dernier avec Amélie-les-crayons. Le 4 janvier 2010, j'écrivais : "C'est comme si un fil invisible reliait mon cœur à ce repli de ton âme où sont cachées ta sensibilité et ta fragilité." (voir ici) Dans la chanson Madame, Amélie-les-crayons chante "Ce lien qui va de mon cœur à votre âme est indestructible." Et me voilà soudain clouée sur place par l'émotion. A croire qu'elle et moi ressentons les choses de la même façon…
Pour le reste, le concert fut très plaisant, la chanteuse et ses musiciens (Olivier Longre et Quentin Allemand) sont tous multi-instrumentistes, les chansons sont douces sans être à aucun moment soporifiques, les mélodies sont belles, les textes bien écrits, et la scénographie très belle avec un piano qui change d'orientation en cours de spectacle et se pare de magnifiques lumières. Et, à certains moments, c'est presque a capella, avec juste des percussions corporelles.
Côté répertoire, la chanteuse nous a interprété la plupart des titres de son dernier album Mille ponts, mais également une reprise de Les filles des forges (présente sur l'album Jusqu'à la mer), ou encore Ta p'tite flamme, et quelques autres. Ce fut donc une très belle soirée, une belle parenthèse de douceur, avec pour moi un fort moment d'émotion.
Rokia Traoré au Palace de Montataire le 24 janvier 2019.
Je m'attendais à un concert, c'est en réalité à un autre type de spectacle que nous conviait la majestueuse Rokia Traoré ce soir-là. En effet, au cours de ce spectacle, elle nous conte en musique l'histoire de l'empereur Soundiata Keïta dans l'Afrique du XIIIe siècle. Un récit qu'elle nous narre d'une voix basse et envoûtante, accompagnée de deux musiciens, l'un à la kora et l'autre au n'goni.
Une épopée fort intéressante, un texte qui lui a été transmis par les griots, dans lequel l'histoire se mêle à la légende. Le tout entrecoupé de quelques chansons, pour une très belle soirée en compagnie d'une grande dame.
Bénabar à Margny-lès-Compiègne le 14 décembre 2018
Cela faisait longtemps que je n'avais plus vu Bénabar en concert et j'ai beaucoup aimé. Une belle énergie, de l'humour, des moments d'émotion, et il a presque totalement perdu son tic de parler pendant les chansons, qui m'avait parfois dérangée lors des concerts précédents. Ce qui ne l'empêche pas de communiquer avec son public entre deux titres. Côté playlist, il nous interprète des chanson d'un peu tous ses albums, sans compter un medley seul au piano afin de pouvoir mettre plus de chansons. Il nous a chanté, entre autres : La p'tite monnaie, Bon anniversaire, A notre santé, Y'a une fille qu'habite chez moi, Dis-lui oui, L'itinéraire, Les mots d'amour, Le dîner, Quatre murs et un toit, L'effet papillon, Où t'étais passé, A la campagne, Les râteaux, L'agneau, Moins vite, Quelle histoire, Paris by night, Belle journée, Coming'in, La petite vendeuse fort émouvante, Le début de la suite, et je pense quelques autres. Et puis une très belle version de Je suis de celles, pour une fois en guitare-voix et non en piano-voix, qui m'a collé les larmes aux yeux.
Je n'avais pas vu Bénabar sur scène depuis longtemps, et j'espère le revoir bientôt, car ce concert était vraiment chouette !
Cali chante Léo Ferré à la Faïencerie de Creil le 23 novembre 2018.
Ce concert, je l'attendais avec impatience, car j'avais dansé sur cette même scène quelques mois plus tôt, c'était donc une émotion toute particulière pour moi de voir Cali ici.
Quelques heures avant le concert, il nous informe via son compte Instagram qu'il est malade, grippe + pneumonie, mais qu'il fera de son mieux. Et sincèrement, s'il ne l'avait pas annoncé, je ne m'en serais peut-être pas rendue compte…
Le spectacle est le même qu'un mois plus tôt à Boulogne-sur-Mer, et pourtant différent. Alors qu'il y a un mois je l'avais trouvé statique sur certaines chansons, ce qui était inhabituel de sa part, cette fois il déploie une belle énergie, malgré la maladie. Son Thank you Satan se révèle réellement satanique, sur La mémoire est la mer la voix est plus en avant, même si elle coince parfois sur les graves, elle permet ainsi de saisir toute la beauté du texte. Sur Jolie môme, toute la salle et debout et je ne me prive pas de danser ! Les poètes dans sa version presque rap me séduit tout autant que la fois précédente. La mélancolie et Avec le temps se révèlent toujours aussi émouvantes, sur Avec le temps mon voisin a sorti son mouchoir, et il me semble bien qu'il pleurait… Pour ma part c'est encore L'affiche rouge, qui vient clore le concert, qui me bouleverse le plus et me fera verser quelques larmes. Le concert se termine sur la voix de Léo Ferré sur Christie, et la salle est debout pour acclamer Cali.
J'avais aimé le concert de Boulogne-sur-Mer, j'ai adoré celui de Creil qui m'a donné envie de faire une autre date. La tournée étant presque finie, cela ne m'a malheureusement pas été possible. Ce concert restera cependant gravé dans ma mémoire comme un moment inoubliable. Je suis admirative de la qualité de la prestation livrée malgré la maladie, de l'énergie déployée, alors tant pis si de rares fois la voix vacillait un peu. Ce que nous a offert Cali ce soir-là est exceptionnel et inspire le respect.